Côte Sud des Landes - N°90 - Mars/Avril 2009

Les pompiers sur tous les fronts

Encore engagés sur le terrain à l’heure actuelle, les pompiers professionnels et volontaires du département apparaissent comme les héros de la tempête.

 

sl90-4ar.jpgDe toutes parts, les avis sont unanimes. Particuliers, professionnels, élus… tous saluent l’engagement et le dévouement des pompiers dans la gestion de la tempête Klaus. Alors que les critiques ne manquent pas sur la réactivité d’ERDF (Electricité réseau distribution France) et, pire encore, de France Télécom (lire en page 7), «s’il y a un maillage qui n’a pas fait défaut, c’est bien celui des pompiers», affirme Henri Emmanuelli, président du Conseil général des Landes. Le samedi matin, on ne voyait qu’eux.»

Dès les premières heures, les professionnels des secours étaient en effet sur le terrain pour porter assistance à toutes les personnes en difficulté. «Il y a quelques années, alors que plusieurs départements décidaient de regrouper leurs centres de secours, nous avons fait le choix de conserver nos cinquante-neuf casernes, souligne Robert Cabé, président du SDIS des Landes (Service départemental d’incendie et de secours). Certains considéraient cette mesure excessive. Aujourd’hui, on voit à quel point ce maillage de notre territoire a montré son efficicacité.»

La bonne gestion de la crise est aussi à mettre au crédit du professionnalisme des hommes du feu. «Dès la veille de la tempête, grâce aux bulletins d’alerte de Météo France nous avions anticipé les difficultés», indique le lieutenant-colonel Richard Desbieys, chef du groupement territorial de Dax. Le matériel spécifique (tronçonneuses notamment) avait été vérifié et les effectifs majorés. «Dix-sept centres de secours avaient été casernés, au lieu de quatre habituellement. Il faut également souligner que de nombreux sapeurs s’étaient mis à disposition des centres d’eux-mêmes, dès qu’ils ont pris connaissance des bulletins météo.» Cette préparation a permis aux soldats du feu d’être sur le pied de guerre dès les premières rafales de vent à 4 heures du matin le 24 janvier. «Durant l’alerte rouge, nous avions consigne du préfet de n’engager les personnels que sur des interventions d’urgence : feux ou secours à la personne. Mais dès 10h du matin, nous avons dû y déroger. Malgré le vent fort, nous avons commencé le dégagement des routes, pour permettre l’accès de tous les villages aux hôpitaux.» Au plus fort de la tempête, 1 100 sapeurs professionnels et volontaires du SDIS des Landes étaient engagés sur le terrain. En plus des interventions directement liées au passage de Klaus, ils ont dû continuer à assurer les interventions d’urgence. Ils ont notamment aidé trois femmes à accoucher à Cère, Morcenx et Garein !

 

43 635 interventions en 3 semaines

 

sl90-5ar.jpgDans les jours qui ont suivi la tempête, et encore actuellement, la mobilisation des pompiers n’a pas faibli. «Le retour d’expérience de 1999 nous avait conduits à équiper tous les centres de secours de groupes électrogènes. Dans bien des endroits, les casernes étaient les seuls lieux dotés d’électricité. Aux heures les plus fortes de la crise, elles ont donc servi de centres névralgiques dans de nombreuses communes.»

Outre cet appui logistique, le SDIS des Landes avait confié à ses hommes plusieurs objectifs, au premier rang desquels le dégagement des routes. Dès le 24 janvier au soir, les axes principaux étaient ainsi libres d’accès.

Dans les jours suivants, les soldats du feu ont également dégagé les voies et servitudes permettant à ERDF et France Télécom de réparer leurs réseaux, protégé les biens (notamment par le bâchage d’habitations endommagées par des chutes d’arbres) et aidé à la distribution de groupes électrogènes. Entre le 24 janvier et le 13 février, ils ont ainsi procédé à 43 635 interventions… soit le double de ce qui est habituellement réalisé en un an !

Et ce chiffre va encore augmenter. Car si globalement la vie landaise a repris un cours normal, les pompiers restent mobilisés pour l’ouverture des pistes DFCI (Défense de la forêt contre les incendies). Ces voies d’accès qui quadrillent le massif landais ont prouvé leur utilité dans la lutte contre les feux de forêts en permettant aux sapeurs d’intervenir au pied des incendies. Mais les nombreux arbres qui n’ont pas résisté au passage de Klaus les rendent impraticables et font peser une menace sur le massif en cas de départ de feu. «Nous voulons pouvoir accéder aux 600 puits installés dans la forêt, indique le colonel Olivier Bourdil, directeur du SDIS des Landes. Pour cela, notre objectif est, dans un premier temps, de dégager 7 000 km de pistes DFCI, sur les 20 000 existants. A ce jour, nous en sommes à 3 500 km et nous espérons parvenir à notre objectif à la fin du mois de mars. Ensuite, nous irons encore plus loin.»

Car, comme le rappelle le professionnel, «dans les Landes, nos 60 ans d’expérience de lutte contre les incendies reposent sur l’accès direct au pied des feux». Une expérience sur laquelle les pompiers ne pourront pas toujours compter cette année. «Nous allons devoir revoir nos stratégies d’interventions pour circonscrire les incendies dans les zones qui resteront inaccessibles.» L’aide des moyens aériens, jusqu’alors plutôt utilisés dans le Sud-Est de la France, paraît indispensable. Des négociations pour la mise à disposition de canadairs de la Sécurité civile sont en cours. Mais le colonel Bourdil souhaite également se «servir de l’expérience de la Gironde, et notamment du Médoc, très touché en 1999».

Petite note d’espoir sur le front des incendies : le système Prodalis, programme de détection automatique et de localisation des incendies par surveillance vidéo mis au point en 2006, a bien résisté à la tempête. «Il n’y a pas trop de casse. Il faudra néanmoins procéder à un recalage des photos de la forêt en mémoire, car la forêt a changé… Mais il devrait être à nouveau opérationnel dans quelques semaines.»

 


Mobilisation générale

sl90-5br.jpgLes pompiers des Landes ont pu compter sur de nombreux renforts dans leur lutte pour rendre le département vivable pour ses habitants. Il faut bien sûr souligner l’implication des Landais eux-mêmes, qui n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte. «Dans des moments comme celui-ci, inévitablement certaines personnes donnent à voir le plus mauvais côté de l’âme humaine, indique Jean-Yves Montus, maire de Soustons et président de l’Association des maires des Landes. Mais on a surtout assisté à un formidable élan de solidarité dans la population.» Par ailleurs, de nombreuses entreprises, qualifiées de «citoyennes» par le président du Service départemental d’incendie et de secours, Robert Cabé, ont mis à disposition, sans réserve et parfois «pendant quinze jours», leurs personnels pompiers volontaires. D’autres ont fait des dons. L’une d’elle a par exemple offert 50 tronçonneuses. La solidarité nationale s’est également manifestée, notamment par la mise à disposition de moyens matériels et humains venus de tout l’Hexagone, et même d’au-delà. «En métropole, on a rarement vu autant de moyens concentrés dans un même département», souligne le préfet Etienne Guyot. Au plus fort de la crise, aux 1 100 sapeurs pompiers professionnels et volontaires engagés dans le département, sont venus s’ajouter 668 pompiers de toute la France, 456 hommes de la Sécurité civile, 1 050 militaires, 350 gendarmes, 3 200 employés d’ERDF et 713 de France Télécom.


 Photos : Sébastien Zambon - Conseil général des Landes

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