Au fil du courant d'Huchet
D'avril à septembre, les bateliers du courant d'Huchet emmènent les visiteurs à la découverte de la réserve naturelle.
Bien alignées en contrebas de la Maison de la réserve, sur l'étang de Léon, les galupes aux couleurs chatoyantes attendent les visiteurs. Aucune de ces barques à fond plat ne se ressemble. Elles ont toutes été customisées par leur propriétaire et portent généralement leur nom ou surnom : Nicolas, Bijou, Vincent... Il y en a trente-quatre au total. Autant que de bateliers.
Vincent Laforie fait partie de cette association créée en 1908. D'avril à septembre, ce pêcheur passionné, salarié dans une entreprise locale, passe son temps libre à faire descendre le courant d'Huchet à tous ceux qui veulent découvrir «l'Amazonie landaise». 20 000 personnes sont ainsi transportées chaque année le long du bras d'eau reliant l'étang de Léon à l'océan Atlantique.
L'embarquement est assez aisé depuis le ponton de l'étang de Léon. Gentleman, Vincent aide les moins sûrs d'eux à s'installer confortablement dans son embarcation éponyme. Elle peut accueillir six personnes en plus du batelier.
Dans un premier temps, Vincent s'installe à l'avant de la galupe, face à ses passagers. A grands coups de rames, il entreprend de traverser l'étang jusqu'à l'entrée du courant d'Huchet, une étape d'environ un quart d'heure. En chemin, il distille des informations sur les lieux traversés. L'étang s'étale sur 400 hectares entre Léon, Vielle Saint-Girons et Moliets. On y trouve des brochets, des carpes, des mulets. Lors de la création de la réserve naturelle en 1981, un tiers de l'étendue d'eau y a été inscrite. Seuls les bateliers du courant d'Huchet et les agents de l'ONF (Office national des forêts) peuvent y passer. Laissant sur la gauche une tonne de chasse et un champ de nénuphars jaunes, Vincent s'engage enfin dans le bras de l'étang qui, huit kilomètres plus loin, débouche dans l'océan.
Les rives sont proches et la végétation dense. Roseaux, aulnes, carex et autres saules d'eau peuplent les berges. On se dit que la vraie balade commence enfin... et tout à coup, tout s'arrête. Vincent gare sa galupe à quai. Petit moment de flottement... Va-t-il falloir descendre ? Non. Seulement changer de place. Les passagers sont invités à se rapprocher de l'avant du bateau tandis que le batelier s'installe désormais debout à l'arrière, façon gondolier à Venise... à la seule différence qu'il ne pousse pas la chansonnette.
Après le passage du barrage de la Nasse, le courant d'Huchet s'offre enfin aux visiteurs. Seule la barque qui glisse sur l'eau trouble le calme qui règne ici. La fraîcheur et l'ombre générées par la forêt galerie sont les bienvenues en cette journée où les rayons du soleil se font brûlants. Vincent laisse ses passagers profiter du spectacle quelques instants, puis reprend ses explications. Le long du courant, entre marécages, tourbières et dunes, nichent de nombreuses espèces animales protégées dont 200 espèces d'oiseaux, des loutres, des visons d'Europe, des tortues cistudes et quantité de poissons. Mais elle accueille aussi des nuisibles qui viennent concurrencer les espèces protégées : tortues de Floride, visons et écrevisses d'Amérique, ragondins... A croire que tout ce qui vient d'outre-Atlantique est néfaste !
De temps en temps, le batelier demande à tout le monde de baisser la tête (vers l'avant uniquement, ne pas se pencher ni à droite ni à gauche à moins de vouloir prendre un bain tout habillé). Des branches d'arbres traversent en effet le chemin. De février à avril, chaque vendredi après-midi, les bateliers viennent nettoyer le courant et ôter la végétation qui gêne la navigation, mais ils ne coupent que le strict nécessaire...
Entre les cyprès chauves, les osmondes royales et les arums apparaît parfois un rosier en fleur, rappelant qu'autrefois des gens habitaient le long des berges du courant. Ici où là, une rive piétinée trahit le passage d'une famille de sangliers. Une cane et ses petits s'enfuient rapidement entre les racines immergées des arbres à l'approche de la barque. Un héron se pose un peu plus loin. Peu impressionnées par l'équipage des dizaines de libellules d'un bleu électrique virevoltent autour de l'embarcation.
Selon l'option choisie, la balade peut emmener les visiteurs à l'île aux Chênes, à Pichelèbe ou se poursuivre jusqu'à l'embouchure du courant d'Huchet. Mais aujourd'hui, Vincent stoppe sa galupe au pont de Pichelèbe. Une pluie d'officiels doit inaugurer le chalet d'accueil qui y a été construit l'année dernière. Mais promis, la prochaine fois, on va jusqu'à l'océan !
Tous les jours de début avril à fin septembre. Réservation obligatoire par téléphone au 05 58 48 75 39
Balades à 10h : deux heures de balade. A 14h30 : deux heures de balade (sauf juillet et août), trois ou quatre heures de balade (en juillet et août).
Tarifs : L'île aux chênes (deux heures de balade) 12,50 € par personne, Pichelèbe (trois heures de balade) 15,50 € par personne, Huchet (quatre heures de balade) 20,50 € par personne
Sur les prix affichés, 1,30 € vont à la réserve naturelle. Les chiens ne sont pas acceptés. Demi-tarif pour les enfants de moins de 6 ans.