Découvrir la commune autrement
Depuis le mois de juin, Dominique Rajot est une greeter : une ambassadrice qui fait découvrir gratuitement le Messanges d’hier et d’aujourd’hui.
Originaire de Saint-Etienne (Loire), Dominique Rajot est installée à Messanges depuis 2004. Férue de généalogie (elle a créé un atelier sur le sujet à la médiathèque) et d’histoire locale, elle se plonge avec plaisir dans le livre de Marie-Claire Mangou-Nautiacq : Messanges, un village du Marensin. «Grâce à cet ouvrage, j’ai découvert la vie et l’histoire des habitants de ce petit coin des Landes», explique-t-elle. Soucieuse de transmettre sa passion à d’autres, elle propose depuis juin des balades pour découvrir la commune sous l’angle historique. «Mon frère est greeter à Saint-Etienne. Je trouve ce concept très intéressant, alors j’ai décidé de faire la même chose ici.»
Le mouvement des greeters (en français «hôtes») est né à New York en 1992. Pour redorer la réputation de la «Grosse pomme» alors considérée comme dangereuse, chère et oppressante, une association imagine une forme d’accueil touristique basée sur la rencontre avec ses habitants. Amoureux de leur ville ou de leur quartier, les greeters accueillent les visiteurs comme ils accueilleraient des amis. Ce ne sont pas des guides touristiques. Ils offrent simplement de leur temps pour faire découvrir les endroits qu’ils aiment, raconter leur histoire et partager leur façon de vivre au quotidien. Le tout de manière totalement bénévole.
Peu à peu, ce mode de tourisme participatif essaime dans le monde entier. Les Landes ne sont pas en reste. Une trentaine d’«ambassadeurs», comme les a surnommés le Comité départemental de tourisme, se proposent de faire découvrir pour le plaisir l’univers de la course landaise à Gamarde-les-Bains, les spécialités culinaires landaises à Biscarrosse ou encore la variété des peuplements forestiers à Saint-Avit. Sur la Côte Sud, on compte deux greeters : Pauline, une jeune femme qui partage anecdotes et coups de cœur autour du lac d’Hossegor, et Dominique à Messanges.
«Dans la commune, il n’y a pas un grand patrimoine, reconnaît-elle. Plus de lavoir, pas de source miraculeuse, pas de fronton… mais il y a une histoire – l’église du village est citée dans des textes au xiie siècle ! – et des traditions bien ancrées. C’est sur cela que j’oriente ma balade, tout en m’adaptant aux demandes des visiteurs.»
Durant environ 1 heure 30, sur un trajet de deux kilomètres accessible à tous, Dominique entraîne ses invités d’un jour à la découverte du bourg. Elle parle du détournement de l’Adour, des anciennes auberges et de leur quillet, de la Maison des Anglais, une des plus vieilles maisons de la commune datant du xve siècle. Elle évoque le moulin qui était au bord du ruisseau entre la Prade et le Moïsan et dont ne subsiste plus aujourd’hui que la maison du meunier. Elle raconte l’histoire de l’ancienne colonie de vacances (aujourd’hui Hôtel de la Prade) qui dans les années 1930 recevait des «garçons débiles», terme qui à l’époque désignait des enfants de faible constitution, et a même accueilli pendant la Seconde Guerre mondiale un camp de prisonniers où ont travaillé jusqu’à 90 Sénégalais. Après avoir expliqué le rôle du sémaphore, elle glisse «un ou deux messages sur les dunes et les baïnes». Puis il est déjà temps de revenir le long du ruisseau où elle évoque les vaches marines et les moutons qui ont été réintroduits ici pour l’entretien des milieux fragiles. L’annonce remporte un gros succès auprès des touristes. «Ce qui les passionne la plupart du temps, c’est la carte postale du berger à échasses… Je ne sais pas s’il y en a eu beaucoup à Messanges, mais c’est incontournable !» Mais les vacanciers ne constituent pas l’essentiel de son public. «Souvent, ce sont des gens d’ici qui veulent venir en balade avec moi !» Même les locaux ont encore à apprendre sur le passé du village…
Renseignements et inscriptions auprès de l’office de tourisme 05 58 48 93 10