Hommage au reporter du quotidien Emile Vignes
Vingt-cinq ans après sa disparition, le photographe Emile Vignes est au cœur d’une exposition à l’écomusée de la Grande Lande.
Jamais une exposition ne lui a
été consacrée, et pourtant, Emile Vignes
n’est un inconnu pour personne. Les Landais ont
certainement une photographie de mariage signée par lui
dans leurs albums de famille, tandis que les vacanciers auront
à coup sûr envoyé une de ses cartes
postales à leurs proches. Photographe prolifique, digne
héritier de Félix Arnaudin, Emile Vignes fait
aujourd’hui l’objet d’une exposition
hommage, au pavillon des Landes de Gascogne. La nouvelle
structure de l’écomusée de la Grande Lande
(Marquèze) accueille deux cents tirages vintage de
l’artiste, des œuvres réalisées de
la main même du photographe, à la période
où les photographies ont été prises,
entre 1920 et 1970.
Né en 1896 à Castets dans une famille de métayers, Emile Vignes se dirige tout d’abord vers l’activité de résinier. Lors de la guerre de 1914-18, il est réformé et doit rentrer au pays. Là, il s’aperçoit que les femmes aiment envoyer des photos à leur mari sur le front et décide de se lancer dans la photographie. D’abord passe-temps, l’activité devient vite une passion dévorante. Il fixe sur le papier tout ce qui fait son environnement : le travail dans la forêt, la chasse, l’élevage, les évènements de la vie familiale, les paysages, les portraits... Il est propriétaire d’une épicerie dans laquelle il vend ses premières cartes postales, et qu’il aménage progressivement en atelier et magasin de photographie.
Il parcourt les Landes à pied, puis en vélo, et en moto. Mais son territoire s’étend le jour où il acquiert une Z5 Chenard & Walker. «L’auto me permit alors de connaître la Côte d’Argent landaise, les lacs, les forêts de pins et de bruyères ou fougères, les courants, enfin toute la région boisée où je fis beaucoup de clichés…», racontait-il.
Photographe de la vie de tous les
jours pour son activité commerciale, il se fait aussi
paysagiste d’art. Cela est flagrant dans sa série
intitulée «Les rampants», où il
entreprend de photographier des troncs décharnés
échoués sur le rivage. Le soin qu’il met
dans ses compositions lui vaut également de nombreuses
récompenses. C’est le cas notamment de son
cliché du trois-mâts portugais
«Ellen», qui s’échoua sur la plage de
Capbreton durant l’hiver 1928. Cette photographie connut
un succès retentissant. Elle fut primée à
de nombreuses reprises et sélectionnée aux
Etats-Unis par des photographes de renom (Laura Gilpin,
Charles Sheller) qui publièrent l’image dans le
volume n° 5 de la célèbre revue
Pictorial photography in America.
A sa mort en 1983, Emile Vignes laisse derrière lui une œuvre à la valeur patrimoniale incontestable. En 1996, son fils, Jacques Vignes, décide de faire don au parc naturel régional des Landes de Gascogne d’un ensemble conséquent de documents. Plus de 2 500 plaques de verre, tirages, négatifs, matériels photographiques rejoignent les archives départementales des Landes. Et alors que les responsables de Marquèze préparaient le projet d’exposition, Jacques Vignes fit don d’un fonds riche de 3 000 tirages vintage, permettant au parc régional de conserver l’intégralité de l’œuvre de son père. Des tirages dont une partie est exposée jusqu’au 30 novembre à Marquèze, avant de déménager au musée d’Aquitaine de Bordeaux.
Emile Vignes, un regard sur les Landes, 1920-1970
Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 19h
Ecomusée de Marquèze, route de Solférino, 40630 Sabres
Tél. 05 58 08 31 31
Tarifs - Marquèze et exposition : adultes 13 €, jeunes 9 €. Exposition seule : adultes 6 €, jeunes 4 €
Photo en haut :
«Après la tempête» - En 1928, c'est à la radio qu'Emile Vignes apprit qu'un navire s'était échoué à Capbreton. Arrivé sur les lieux, un dernier rayon de soleil lui permit de prendre cette photographie qui lui valut une reconnaissance internationale.
Photo en bas :
Ancien résinier lui-même, Emile Vignes a très souvent pris les gemmeurs pour modèles.