Messanges - N°95 - Janvier/Février 2010
Vin de sable - Le premier grand millésime du siècle
Le vin de
sable 2009, issu des cépages du domaine Malecarre, devrait
se révéler exceptionnel. Rendez-vous en
février pour les premières dégustations de ce
millésime tant attendu.
«Ce sera le millésime de ma vie ! Je n’ai jamais vu ça de ma carrière.» Depuis septembre, Philippe Thévenin dorlote sa cuvée de vin de sable 2009. Un vin qui tire son nom des vignes plantées dans le sable et produit par une demi-douzaine de vignerons landais, notamment à Capbreton.
Ancien marin professionnel devenu libraire avant de travailler pour de grands châteaux du Bordelais, le vigneron de Messanges est revenu sur les terres familiales du domaine de Malecarre en 2003. «Depuis quinze ans que je suis dans le métier, je n’ai jamais vu une année pareille. Je n’ai pas eu de pourriture. La météo a été idéale, sans gel, sans grêle et de l’eau quand il fallait et comme il le fallait.» Philippe Thévenin trépigne à l’idée de faire déguster ce vin béni des anges.
«Autant, les années précédentes, je disais à mes clients qu’il s’agissait d’un vin primeur à consommer jusqu’aux fêtes de fin d’année, autant je commence à dire qu’avec cette acidité, cette structure, ce potentiel, on va s’orienter vers un vin de deux ans de garde.» Mais le vigneron tempère aussi son impatience: «On le couve, on le surveille. Tous les quinze jours, il est analysé, dégusté par un œnologue. En petit comité, on note, on cherche, on façonne, on l’élève. Il ne faut jamais jurer de rien…»
Le sable concentre le meilleur comme le pire. Philippe Thévenin en a fait la triste expérience en 2003 : «On n’a pas réussi à sortir du rouge. Il a fini en compost à cause de la sécheresse et de la canicule. Ici, le thermomètre est monté à 60 °C, il a explosé.»
Deux ans plus tard, en 2005, c’est l’année du gel, de la sécheresse et de la grêle. Là aussi, les conséquences se sont avérées catastrophiques pour la récolte.
Pour Philippe Thévenin, la meilleure récolte de ce nouveau siècle risque bien d’être 2009. Certes la météo particulièrement clémente y est pour quelque chose, mais le vigneron récolte-t-il aussi sans doute le fruit d’un travail de plusieurs années.
650 bouteilles de blanc par an
Philippe Thévenin cultive et vinifie directement. Il produit 650 bouteilles de vin par an issues de 70 ares de vigne. Trente ares, plantés en Crouchen ancien – plus connu sous le nom de «Messanges blanc» ou «Sable Blanc» – et dont la dernière replantation date de 1963, représentent 75 % de l’assemblage. Et, 40 ares de Chenin, replantés plus récemment, en 2004 et 2006, ne représentent en revanche que 25 % de l’assemblage. «Il n’a pas encore fait ses racines, explique Philippe Thévenin. Il n’est pas encore à maturité œnologique pour produire des grappes aptes à être vinifiées.»
Lorsqu’un vigneron tente une nouveauté, le pari est parfois très risqué et il faut attendre 4 ou 5 ans avant de commencer à percevoir un résultat. «C’est un acte de foi, reconnaît le vigneron. Quand j’ai tenté le Chenin, j’ai eu quelques déboires à cause de la météo mais, en 2009, j’en ai récolté beaucoup plus. Je sens l’assemblage qui commence à se différencier. Je pense que cette récolte extraordinaire n’est pas due uniquement à la météo. C’est aussi l’effet du cépage qui commence à monter en puissance.»
Le vin de sable se distingue par sa concentration. «Les grains de sable réfléchissent les rayons du soleil par la base et accélèrent la maturité. En 2009, j’ai récolté le 15 septembre. C’est assez tôt. Le nectar sent les agrumes, les fleurs blanches. C’est un vin extrêmement prometteur.»
Quant au vin rouge, qui est tout aussi prometteur que le blanc, sa production est entièrement assurée par Pascal Lafenêtre, en fermage sur 5,30 hectares. «Il a arraché la vieille vigne et a triplé la surface de production avec du Cabernet franc qui est le cépage historique du vin de sable rouge», souligne le propriétaire.
Si le blanc est vinifié au domaine de Malecarre, le rouge suit une autre logique. Pascal Lafenêtre vendange puis repart avec ses remorques remplies de grappes à Geaune où la récolte est vinifiée. «Il y a une traçabilité exemplaire car les contrôles inopinés sur ce vin sont très fréquents», prévient Philippe Thévenin. Avec la récolte 2009, Pascal Lafenêtre a pu remplir autour de 1 300 bouteilles.
Qualifié de Vin de Pays des Terroirs «Sable de l’Océan», le vin de sable landais est passé à une autre étape le 1er août 2009. Si tout va bien, en 2011, il bénéficiera de l’Indication géographique protégée (IGP). Cet IGP est un signe officiel européen d’origine et de qualité qui permet de défendre les noms géographiques et offre une possibilité de déterminer l’origine d’un produit alimentaire quand il tire une partie de sa spécificité de cette origine.
Au Domaine de Malecarre, Philippe Thévenin attend cette estampille comme une bénédiction. «Nous ne sommes pas un pays de grand vignoble. Là, nous allons être contrôlés. Ils viendront voir la vigne, le chai. Ils vont déguster le vin. S’il y a un problème, ils vont le noter et donner un laps de temps pour rectifier le tir. Je préfère ça aux différents agréments !»
Les viticulteurs se sont associés pour définir un cahier des charges qui soit le plus à même de révéler la quintessence du vin de sable.
«A terme, dans deux ans, je pense que si la première appellation est retenue, nous serons appelés "IGP Landes vin de sable".»
«Ce sera le millésime de ma vie ! Je n’ai jamais vu ça de ma carrière.» Depuis septembre, Philippe Thévenin dorlote sa cuvée de vin de sable 2009. Un vin qui tire son nom des vignes plantées dans le sable et produit par une demi-douzaine de vignerons landais, notamment à Capbreton.
Ancien marin professionnel devenu libraire avant de travailler pour de grands châteaux du Bordelais, le vigneron de Messanges est revenu sur les terres familiales du domaine de Malecarre en 2003. «Depuis quinze ans que je suis dans le métier, je n’ai jamais vu une année pareille. Je n’ai pas eu de pourriture. La météo a été idéale, sans gel, sans grêle et de l’eau quand il fallait et comme il le fallait.» Philippe Thévenin trépigne à l’idée de faire déguster ce vin béni des anges.
«Autant, les années précédentes, je disais à mes clients qu’il s’agissait d’un vin primeur à consommer jusqu’aux fêtes de fin d’année, autant je commence à dire qu’avec cette acidité, cette structure, ce potentiel, on va s’orienter vers un vin de deux ans de garde.» Mais le vigneron tempère aussi son impatience: «On le couve, on le surveille. Tous les quinze jours, il est analysé, dégusté par un œnologue. En petit comité, on note, on cherche, on façonne, on l’élève. Il ne faut jamais jurer de rien…»
Le sable concentre le meilleur comme le pire. Philippe Thévenin en a fait la triste expérience en 2003 : «On n’a pas réussi à sortir du rouge. Il a fini en compost à cause de la sécheresse et de la canicule. Ici, le thermomètre est monté à 60 °C, il a explosé.»
Deux ans plus tard, en 2005, c’est l’année du gel, de la sécheresse et de la grêle. Là aussi, les conséquences se sont avérées catastrophiques pour la récolte.
Pour Philippe Thévenin, la meilleure récolte de ce nouveau siècle risque bien d’être 2009. Certes la météo particulièrement clémente y est pour quelque chose, mais le vigneron récolte-t-il aussi sans doute le fruit d’un travail de plusieurs années.
650 bouteilles de blanc par an
Philippe Thévenin cultive et vinifie directement. Il produit 650 bouteilles de vin par an issues de 70 ares de vigne. Trente ares, plantés en Crouchen ancien – plus connu sous le nom de «Messanges blanc» ou «Sable Blanc» – et dont la dernière replantation date de 1963, représentent 75 % de l’assemblage. Et, 40 ares de Chenin, replantés plus récemment, en 2004 et 2006, ne représentent en revanche que 25 % de l’assemblage. «Il n’a pas encore fait ses racines, explique Philippe Thévenin. Il n’est pas encore à maturité œnologique pour produire des grappes aptes à être vinifiées.»
Lorsqu’un vigneron tente une nouveauté, le pari est parfois très risqué et il faut attendre 4 ou 5 ans avant de commencer à percevoir un résultat. «C’est un acte de foi, reconnaît le vigneron. Quand j’ai tenté le Chenin, j’ai eu quelques déboires à cause de la météo mais, en 2009, j’en ai récolté beaucoup plus. Je sens l’assemblage qui commence à se différencier. Je pense que cette récolte extraordinaire n’est pas due uniquement à la météo. C’est aussi l’effet du cépage qui commence à monter en puissance.»
Le vin de sable se distingue par sa concentration. «Les grains de sable réfléchissent les rayons du soleil par la base et accélèrent la maturité. En 2009, j’ai récolté le 15 septembre. C’est assez tôt. Le nectar sent les agrumes, les fleurs blanches. C’est un vin extrêmement prometteur.»
Quant au vin rouge, qui est tout aussi prometteur que le blanc, sa production est entièrement assurée par Pascal Lafenêtre, en fermage sur 5,30 hectares. «Il a arraché la vieille vigne et a triplé la surface de production avec du Cabernet franc qui est le cépage historique du vin de sable rouge», souligne le propriétaire.
Si le blanc est vinifié au domaine de Malecarre, le rouge suit une autre logique. Pascal Lafenêtre vendange puis repart avec ses remorques remplies de grappes à Geaune où la récolte est vinifiée. «Il y a une traçabilité exemplaire car les contrôles inopinés sur ce vin sont très fréquents», prévient Philippe Thévenin. Avec la récolte 2009, Pascal Lafenêtre a pu remplir autour de 1 300 bouteilles.
Vers une IGP «Landes vin de sable»
Qualifié de Vin de Pays des Terroirs «Sable de l’Océan», le vin de sable landais est passé à une autre étape le 1er août 2009. Si tout va bien, en 2011, il bénéficiera de l’Indication géographique protégée (IGP). Cet IGP est un signe officiel européen d’origine et de qualité qui permet de défendre les noms géographiques et offre une possibilité de déterminer l’origine d’un produit alimentaire quand il tire une partie de sa spécificité de cette origine.
Au Domaine de Malecarre, Philippe Thévenin attend cette estampille comme une bénédiction. «Nous ne sommes pas un pays de grand vignoble. Là, nous allons être contrôlés. Ils viendront voir la vigne, le chai. Ils vont déguster le vin. S’il y a un problème, ils vont le noter et donner un laps de temps pour rectifier le tir. Je préfère ça aux différents agréments !»
Les viticulteurs se sont associés pour définir un cahier des charges qui soit le plus à même de révéler la quintessence du vin de sable.
«A terme, dans deux ans, je pense que si la première appellation est retenue, nous serons appelés "IGP Landes vin de sable".»
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